J'ai pris du papier bulle, quelques journeaux, deux ou trois cartons. J'ai tout bien emballé et tout transporté ici. Je déménage, eh oui, encore.

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Aujourd'hui était un jour à ouragan avec les bras. Déjà hier, je  le voyais venir, gros comme un camion. Je n'ai pas su tourner assez fort, je crois. Mais c'est que je suis tellement fatiguée. Il y a des jours où ça me prend, comme ça, par surprise. Une grande fatigue oppressante, qui appuie de tout son poids sur mes frêles épaules. Pour ces jours  là, il me faudrait une petite réserve. Trois fois rien, un petit placard, un tiroir ou juste une boîte à chaussures où seraient alignées quelques piles. Des toutes petites piles que j'enfoncerais à la commissures des lévres, discrètement, pour alimenter mon sourire. Ca serait beaucoup moins fatiguant, et puis ça ferait plaisir aux gens. Got an angel on one shoulder, and a devil on the other, and it's his good advice that I take. N'empêche qu'aujourd'hui j'ai été sacrée princesse, après avoir été toute décorée de bagues à plumes et de colliers à perles, sans parler de la couronne en papier. Mais seulement pour l'espace de quelques minutes, parce que c'était à chacune son tour d'être la plus jolie.

Aujourd'hui est un jour de pluie. Un jour où les gouttes se suivent et se ressemblent. Un jour où l'on éclabousse tout autour quand les pieds claquent un peu trop fort dans les flaques. A l'abri dans la rue, mouillée sous la terrasse du restaurant. Des éclats de rires pour un peu de soleil. De l'autre côté de la rangée de vêtements suspendus, une gamine fredonne les paroles un peu bêtes de la chanson qui tourne. Juste derrière dans la file d'attente, une autre  joue à la poupée avec sa petite soeur. Et celui qui s'amuse comme un petit fou en attendant le repas. Aujourd'hui, jour de pluie, c'est aussi le jour des enfants. En attendant dans la voiture, j'esquisse la vieille bâtisse en quelques coups de crayon, avant qu'il ne soit trop tard. Avant que tout ne soit démoli. Il y a des jours où je n'ai pas envie de faire d'efforts. Pafois il m'arrive d'avoir besoin d'air. Ces jours là, si je le pouvais, j'étendrais mes petits bras de chaque côté de moi et je tournerais, tournerais à toute allure, comme un mini ouragan. Pour décourager ceux qui voudraient s'approcher de trop prés.